FRANÇAIS
Il pleut à verse cette été
Il pleut à verse,
quel joli temps pour faire l’amour au grenier.
Écoute le rythme de la pluie sur le tuiles,
le rythme doux des cœurs, du tien, du mien,
et le vent qui glisse sur le toit, comme mes mains sur ton corps.
Il pleut à verse,
quel joli temps pour faire l’amour au grenier.
Le ciel est noir comme noir de fumée
mais l’horizon est clair
comme horizon d’incendie.
Il pleut à verse,
le vieux bois,
les débris retrouvés dans le coin le plus délaissé de la cave
refusent leur déchéance et embrasent leur âme
avec une flamme plus vive, plus belle,
plus forte que celle des bûches aristocratiques.
Il pleut à verse,
quel joli temps pour faire l’amour au grenier.
La flûte chante pour nous les rêves que nous n’avons jamais fait
et la mélancolie nous prend:
que j'aime la mélancolie, ce drôle de bonheur d’être triste.
Il pleut à verse,
mais voilà que la grêle vient frapper à la porte,
alors on sort pour l’accueillir mais elle est déjà partie
en laissant comme souvenir une pluie fine fine
qui se glisse dans les pores de notre peau
jusque parmi les atomes de nos corps nus
jusqu’au fond de nos os.
On dirait qu’elle nous mouille de l’intérieur:
ce sont des larmes de mélancolie.
Il pleut à verse,
Quel joli temps pour rêver de faire l’amour au grenier.
nuages
N’etes-vous donc jamais,
vous qui etes là-haut dans le ciel,
N’etes-vous donc jamais fatigués
De voir ces nuages entre vous et nous ?
nuit d'été
La nuit froide étoilée
cacha l’enchevêtrement insolent
La rosée brille sur les tiges couchées
de la prairie d’occident.
déserte est la terre
Déserte est la terre, sans eau, sans air
mille et mille pas font un bruit de tonnerre
mille et mille pas écrasent la terre
mille lemmings vont vers la mer
Et la mer
n’est plus là.
ballet nocturne
Oyez,oyez
le rythme lent rythmé
rytmique reiteré
scandé par le tam-tam
blancs fantomes dansants
sur cuisses fendues
jusqu’au nombril
sur,ventres barrés
jusqu’au nombril
sur jambes écartelées
les yeux enflammés
les seins animés
par le rythme dansant
doucement rythmé
jamais repété.
Dancez,sautez
sur rythme lent rythmé
rythmique reitéré
blancs fantomes dansants
dances lascives de coit
sur rythmes obscènes obsessifs
sur pieds de jade muets
sur hanches gracieuses ondoyantes
menées par de longs bras ailés
par douces mains parlantes.
Dancez ,dancez
blancs fantomes de rêve
éclos de l’ivresse.
Eclos de l’ivresse
Eclos de l’ivresse
Eclos de l’ivresse
Eclos de l’ivresse
le manège
Je suis seul sur le manège de mes pensées qui n’en finit pas de tourner,
mais qui reste toujours là, fiché au beau milieu de la place.
Et sur la place il n’y a plus personne, sur le manège non plus.
Je suis seul et je tourne sur le cercle sans fin de ce maudit manège qui ne s’arrête jamais.
La musique, trop forte, étourdit mes oreilles de ses chansons anciennes
Embrume mon cerveau.
Les petits chevaux se sont enfuis ou sont morts remplacés au fur et à mesure par l’auto, la fusée, la soucoupe volante: désillusions de ma génération
Les rêves se sont transformé en cauchemar et m’accompagnent dans ce tour stupide qui ne va nulle part.
Naguère, autour de la place il y avait un village
et derrière les volets entrouverts les yeux curieux de la morale nous épiaient.
Le vieux moteur asthmatique s’est arrêté, lui aussi.
Maintenant c’est la fée électricité qui fait tourner le moteur du manège et qui éclaire la place
vide et livide.
Mais pourquoi ne s’arrête-il jamais ce maudit manège?
Si au moins je pouvais dormir!
Les ampoule sur les bords du toit ressemblent à des étoiles obèses:
ces nouvelles riches vulgaires de la lumière aveuglent mes yeux avec les éclair tristes de leur trente bougies.
Elles tournent, elles tournent,sans arret ,pendues par le cou au toit multicolore de ce manège inutile.
Et les pensées les suivent, enchaînées l’une à l’autre
prisonnières, fatiguées, lentes, incertaines, désespérées.
Elles tournent en rond comme dans la cour d’une prison,
Comme ce manège qui ne veut pas s’arrêter,
Elles tuent mes souvenirs, elles dispersent mes projets
ces maudites pensées qui me font comprendre!
Peut être c’est cela le pêché original:
comprendre!
Mais si peu
Si peu
stalactites
Les stalactites coulent des toits
transparentes comme regards d’amours
de premiers amours.
Blancs les champs, lumineux comme son sein,
comme son ventre,
oubliés par le soleil de l’été
blancs,
tachés seulement par le vol triangulaire
des ailes noires du corbeaux.
La feuille tombe,
dernière découpée sur le ciel de plomb,
dernière,
rougie par l’automne:
elle tombe en voletant
papillon mourant sans chaleur.
Mille flocons tournoient doucement dans le ciel,
abeilles piquantes,
claires comme les reflets du printemps dans ses yeux sombres
doucement elles se posent
sur le tapis blanc de la cour
pour se reposer ou mourir.
Les noir doigts des branches
tendus vers les nuages
prient le soleil.